Le
combat avec mes bras par Annie Abrahams (et l'histoire de ma guérison).
- Fin septembre
99:
Picotements dans le bras droit, sensation de froid parfois ou de trop
chaud. Parfois une douleur lancinante.
Je diminue mon travail sur ordinateur parce que j'ai entendu parler du
R.S.I. (Repetitive Strain Injury) qui fait rage aux Pays-Bas et a mis
beaucoup de gens travaillant avec l'ordinateur en arrêt maladie,
voire en incapacité de travailler.
- Novembre
99:
Visite médecin généraliste --> six séances
kiné.
- Décembre
99:
Encore plus de douleur dans le bras, je décide d'utiliser la souris
avec la main gauche.
Après cinq jours, j'ai les mêmes symptômes sur les
deux bras.
- Janvier 2000:
Médecin généraliste; ostéopathe.
- Février
2000:
Visite en Hollande pour consulter des amis médecins généralistes
et kinésithérapeutes ---> arrêt immédiat de
travailler sur l'ordinateur.
J'ai le R.S.I.
En France, je consulte un autre médecin généraliste.
Radiographie cervicale : plein de petits défauts dans le cou.
Neurologue, électromyogramme : ok.
Rhumatologue. M.R.I. cervicale ---> petite hernie.
Médecin généraliste, 20 séances de kiné.
J'ai parlé du R.S.I. à tous les médecins que j'ai
vu et aucun ne me croyait : "la maladie d'ordinateur n'existe pas en France,
Madame..." (Une conférence européenne, qui a eu lieu le
30 mai 2000 à Den Haag aux Pays-Bas, sur les maladies des membres
supérieurs le confirme: la France et l'Autriche sont les seuls
pays qui ne reconnaissent pas cette maladie).
Je deviens dépressive.
La douleur se répand sur le cou, le dos et la tête.
- Le 25 Avril
2000:
Je suis envoyée aux urgences à l'hôpital: 7 semaines
en psychiatrie.
Maintenant mon psy et mon kiné sont convaincus de l'existence du
R.S.I. (ce qui est confirmé par un médecin de l'hôpital
universitaire de Maastricht).
J'ai toujours mal, je n'ai pas le droit de toucher à un clavier
d'ordinateur.
Je suis droguée. Triste, mais c'est comme ça. Je sais que
quelques personnes, même dans un état avancé de R.S.I.,
s'en sortent.
Tout ça aurait pu être évité.
Si vous réagissez immédiatement après les premiers
signes (douleurs, picotements, raideur, dans les poignets, les mains,
les épaules, la nuque ou parfois le mal de tête) vous pouvez
éviter un développement de la maladie. Ceci uniquement dans
la période où la douleur est liée au travail sur
ordinateur sans que ça se présente encore dans les gestes
de la vie quotidienne. (lire mes conseils dans le mail qui accompagne
ce texte).
Je ne désespére pas d'arriver à reprendre une vie
à peu près normale, mais cela va demander du temps, de la
patience et de la persévérance.
- Novembre
2000:
Dans l'espoir d'aider d'autres personnes et de secouer les professionels
de la médecine, j'ai décidé de parler de ma maladie.
J'ai fait ce site avec l'aide d'amis. Antoine Moreau,
à ma demande, a diffusé une lettre sur le RSI.
- Août
2001:
Je vais mieux.
Depuis avril je vais une fois par semaine chez un kiné : M. Duprielle,
qui a réussi à débloquer mes épaules (surtout
les omoplates). Grace à lui j'ai pu arrêter les calmants
myorelaxants sans trop de mal. On va continuer à travailler dans
le but de remettre toutes mes chaines musculaires en place et d'apprendre
à bien les utiliser.
Au mois de mai j'ai été hospitalisée pendant deux
semaines dans le centre anti-douleur de Mme Ferragut à Montpellier.
Pendant ce séjour j'ai appris à me relaxer et j'ai constitué
une autre relation avec mon corps. Fini le temps où je ne considérais
mon corps que comme un enveloppe nécessaire. D'ennemi il est devenu
un ami. Maintenant j'essaie de me faire du bien, j'évite le stress,
je me repose quand je pense en avoir besoin. En quelque sorte, j'ai pris
la responsabilité d'une guérison éventuelle sur mes
propres épaules (ceci est très important parcequ'il n'existe
pas un remède, une thérapie contre le RSI. Le malade doit
composer son propre programme de guérison).
- Fevrier 2002:
Je vais encore mieux.
J 'ai commencé à travailler 6 heures par semaine. Je donne
des cours à l'université. C'est grace à l'aide des
amis et d'un assistant que j'ai pu garder suffisamment de contacts avec
le monde du net-art et ainsi l'enseigner. Je prepare aussi une exposition
dans une galerie et quelques projets de formations.
Je n'ai presque plus de douleur et je peux travailler 1 heure par jour
sur l'ordinateur si j'utilise un logiciel de pause.
Par contre, je ne conduis toujours pas, je ne taille pas les arbres de
mon jardin, je ne porte pas de choses lourdes.
Pour me maintenir en forme, voir l'améliorer mais surtout ne pas
rechuter je dois m'astreindre à respecter certaines rêgles:
-quotidiennes: quinze minutes
d'assouplissement le matin, une heure de marche, une demi heure au minimum
d'inactivité totale, cinq minutes de vélo d'appartement,
dix minutes d'exercices en vue de travailler la mobilité et dix
minutes de renforcement des abdominaux et des lombaires. En plus de tout
ça, attention à ne pas rester trop longtemps dans une même
position.
-hebdomadaires: une heure de
natation, une heure de Feldenkrais, une séance de deux heures de
relaxation à l'hopital.
-mensuelles: deux scéances
d'une heure de kiné, deux scéances d'une heure de psychothérapie,
une visite de contrôle chez le médecin généraliste
(je prends 25 mg de effexor par jour ).
- Novembre
2002:
Je vais encore mieux.
Qui, c'est donc possible. Je peux travailler trois, voir quatre heures
par jour sur l'ordinateur, en utilisant un logiciel
de pause, qui m'oblige à m'arrêter toutes les quatre
minutes pendant 30 secondes et qui m'impose des exercices toutes les 20
minutes. Je taille les plantes dans le jardin, Je me repose quand j'ai
mal quelque part. Je réagie à mon corps. Il existe à
nouveau et j'en prends soin. Mon pire ennemi est maintenant le stress.
Malheureusement c'est un ennemi difficile à maîtriser. Parfois
il est absent, pour revenir en force, sans que je l'attende et il me cause
des douleurs dans la nuque et le haut du dos. Il faut que j'apprenne à
mieux me connaître.
J'ai envie de commencer une liste mail pour répondre aux questions
et besoins des personnes qui souffrent du rsi. Je ne me sens pas capable
et je n'ai pas l'envie de le faire toute seule.
Voici mon programme pour me maintenir en forme, voir l'améliorer
mais surtout ne pas rechuter: -quotidienne:
une demi heure au minimum d'inactivité totale, dix minutes d'exercices
en vue de travailler la mobilité et dix minutes de renforcement
des abdominaux et des lombaires, faire très attention à
ne pas rester trop longtemps dans une même position, au moins une
demi heure par jour de vélo ou de la marche à pieds et surtout
bouger, bouger doucement, agréablement et rester de bonne humeur.
-hebdomadaire: une heure de
natation, une heure de Feldenkrais, une séance de psychothérapie
et de relaxation chez une psychothérapeute.
-mensuelle: une visite de contrôle
chez le médecin généraliste (je prends 6 mg de effexor
par jour ).
- Janvier 2003:
Stéphanie Booth
m'a contacté. Ensemble on a monté une
liste de discussion/information/soutien sur
le rsi. Inscrivez-vous si vous avez besoin de conseils, d'information,
de parler, d'être écouté, mais aussi, si vous pouvez
nous en donner.
- Décembre
2004:
Je vais très bien. Pas beaucoup de changements depuis Novembre
2002, sauf, que je ne prends plus de médicaments du tout que je
ne vois plus de psychothérapeute, ni de médecin depuis un
an. Je sais gérer ma santé toute seule. Je suis heureuse
de pouvoir vivre sans douleur.
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